full memories [ fantôme ]

Messages : 11 Date d'inscription : 25/03/2020

► La vieillesse ne signifie rien sur la personnalité, elle précise simplement l'expérience et la sagesse

→ Délicatement, un oiseau vint se poser sur une branche tandis que la Lune planait dans le ciel. Elle était pleine aujourd'hui. Ses rayons éclairaient le sol et faisaient en sorte que des animaux nocturnes sortaient : comme des renards, des rats, des hiboux, des grenouilles ou même des serpents. Tous ces animaux-là se baladaient calmement sur le sol, se moquant du Printemps qui penchait sa main vers eux, ainsi que la fraîcheur hivernale qui avait du mal à s'en aller. Certains animaux qui hibernaient durant l'hiver osaient sortir de leur torpeur pour trouver de la nourriture : ils avaient besoin de subvenir à leurs besoins, mais surtout ils avaient besoin de retrouver un poids idéal. En effet, durant l'hibernation, les animaux perdaient beaucoup de masse musculaire.

Un bâillement se fit entendre dans la tanière des Anciens, tandis qu'un vieux chat noir et blanc ouvrait les yeux. Il avait dormi longtemps, encore une fois. C'est hallucinant comme il ne se reconnaissait plus, comme il avait le sentiment que la vieillesse le changeait littéralement. On dit souvent que les chats dorment pratiquement dix-neuf heures sur vingt-quatre, mais en vieillissant ils dormaient beaucoup plus. En effet, leurs muscles ayant du mal à s'en remettre, leurs articulations ayant du mal à se mettre en route, ils avaient besoin de dormir pour faire taire toute douleur superflues. Finalement, le mâle regarda de nouveau autour de lui et il posa une patte sur le sol, décidé à marcher un petit peu.

Souvenirs avait tout de même été un très grand guerrier et un magnifique lieutenant, donc il avait besoin de marcher. Il ne pouvait supporter de rester sur place, malgré qu'il doive supporter une douleur certaine. Il faisait nuit et c'était parfait : il ne supportait absolument pas que les autres aient pitié de lui, qu'ils le voient souffrir. Il s'étira silencieusement, observa autour de lui et quand il remarqua l'absence de chats près de lui, il n'hésita pas une seule seconde avant de s'enfoncer dans la forêt. Il savait parfaitement où il allait, il savait parfaitement où se diriger puisqu'il avait besoin d'y retourner. Il avait besoin de se remémorer des souvenirs qu'il semblait occulter. Car, malheureusement pour lui, la vieillesse lui faisait petit à petit défaut au niveau de la mémoire.

Finalement, au bout d'un bon moment de marche, il se retrouva dans le lieu sacré et un faible sourire naquit sur ses babines. Cet endroit lui rappelait tellement de souvenirs : son baptême, la mort de son mentor ... Délicatement, il y entra, observa autour de lui et fut rassuré de voir que personne n'était présent. Après un petit moment, il se permit de venir vers une pierre, s'y coucha et préféra prendre un moment pour pouvoir se reposer.

Messages : 270 Date d'inscription : 18/06/2018

full memories

Vagabondant à n’en plus finir, cela faisait des lunes entières que Fantôme des Astres avait lâchement décidé de quitter la tribu en simple compagnie de Cardinal, le matou à la réputation d’assassin, laissant loin derrière lui celui qui avait été son amant de nombreuses lunes et son fils, désormais fidèle pacifiste des montagnes, ayant apprivoisé les coutumes de ceux qui l’ont élevé. Le guerrier albinos posait ses pattes blanches couvertes de boue ça et là, le museau en l’air à la recherche de la moindre trace d’une proie à chasser dans la pénombre morne de la nuit, accompagné par le silence macabre des forêts, le vent sinistre s’infiltrant dans les contrées de Cerfblanc et le cri assourdissant de quelques corbeaux remarquant l’odeur du prédateur. Le ventre creux, les côtes saillantes, le solitaire avait cessé de manger à sa convenance depuis qu’on lui avait arraché de ses entrailles celui qu’il avait aimé jusqu’à s’en crever la santé. Un grondement venu de son estomac attisa sa faim mais la seule odeur qu’il sut reconnaître fut celle des terres de l’Ombre, poisseuse, dans laquelle les marécages salissaient sa fourrure et les ombres trahissaient sa présence.
Il avait pénétré des lieux qui n’étaient pas siens, il avait délibérément franchi la frontière malgré les odeurs nauséabondes de leur urine sur les arbres. Si cet endroit lui faisait froid dans le dos, le matou chassé de chez lui pour un meurtre accidentel se retrouvait inévitablement dans cette forêt de pins aux silhouettes funèbres des aulnes qui s’étendaient droit devant lui, ombres de la lune. Leurs branches effrayantes semblaient attiser sa curiosité et cet endroit, plus que tout, semblait davantage être un terrain où il se sentait vivant, dans le clair-obscur et l’anarchie.

Ses pattes sales, néanmoins, le transportaient petit à petit près de Hautes Pierres, lieu de confession pour lui, tout comme les Quatre Chênes, terres sacrés foulées par les griffes de ses anciens, martelés par les pas fracassants des éclaireurs et marqués à tout jamais par le sang et les premiers corps avant d’être un lieu de trêve, Fantôme des Astres semblait ressentir au creux de son âme la sensation que cette terre sainte était toujours habitée par les chats étoilés, qu’ils étaient là, indéniablement, à veiller sur lui mais qu’ils l’avaient laissé s’en aller, qu’ils avaient ôté la vie à Oraison du Corbeau, comme si leurs rangs n’étaient pas assez remplis.
Au loin, une silhouette vieille, quelque peu familière, d’un chat endormi, lové au creux d’un rocher, se tenait là. La seule chose qui marquait la vie dans ce corps était le soulèvement régulier de ses flancs au rythme de sa respiration et parfois, le mouvement de ses vibrisses qui semblaient trahir un rêve agité.

— Il ne me semblait pas que la place des Anciens de l’Ombre se trouvaient loin de leur camp, à dormir contre un putain de rocher alors qu’ils ont une magnifique et douce litière, dit-il avec ironie. Étoile du Rêve aurait-il été détrôné et remplacé par un tyran comme ce con de chef de la Rivière qui achève les anciens de tâches trop lourdes pour eux ou ton pauvre chef est-il devenu trop stupide au point de chasser les siens ?

Messages : 11 Date d'inscription : 25/03/2020

► C'est en perdant la foi envers les siens que l'on se rend compte à quel point on est inutile

→ L'herbe fraîche caressait tendrement les coussinets du chaton tandis qu'il suivait calmement l'adulte. Il aimait le suivre partout où il allait, partout où il se dirigeait car grâce à lui, il découvrait des choses qu'il ne connaissait pas. Grâce à lui, il partait du camp et se soutirait au regard inquisiteur de ses parents. Il aimait tellement ses parents. Mais malgré cela, il avait le sentiment qu'ils voulaient qu'il accomplisse de grandes choses, qu'il soit quelqu'un qu'il n'est pas encore. Mais heureusement pour lui, son mentor était là pour le soutenir et surtout lui montrer à quel point il méritait un tel regard. Selon lui, ce chaton accomplirait de grandes choses. Il deviendrait un magnifique chat, mais surtout, il deviendrait un guerrier que tout le monde craindrait.

S'il avait su ... Soudain, le chaton devint adulte et il revit le corps de son mentor face à lui, assassiné par un solitaire. Comment un guerrier tel que lui a pu être tué aussi facilement ? Comment son mentor avait-il pu mourir aussi facilement ? Il ne comprenait pas. Pourtant, ce chat adulte était tellement respecté, il avait toujours eu des leçons si intéressantes. Il lui en voulait réellement : il lui en voulait de l'avoir tué, mais il en voulait aussi à son mentor de l'abandonner de cette manière. Il n'est pas encore prêt. C'est pour cette raison qu'il rentra dépité, penaud mais surtout malheureux au camp. Ses parents qui le regardaient avec un regard inquisiteur auparavant, l'assassinaient littéralement des pupilles maintenant.

Les vibrisses du chat bicolore, ainsi que ses pattes ne cessèrent de se mouvoir, prouvant qu'il rêvait. Il ne cessait de faire ce même rêve depuis quelques jours maintenant et il ne comprenait vraiment pas pourquoi son cerveau semblait vouloir lui rappeler tellement de mauvais souvenirs. Voulait-il lui adresser un message ? Voulait-il lui faire comprendre quelque chose ? Si c'était le cas, il ne saurait identifier le but réel. Un léger couinement sortit de ses babines tandis qu'il tentait de se remettre correctement sur la pierre, essayant de se rendormir convenablement : malheureusement, son corps le faisait bien trop souffrir actuellement. Mais pourquoi être venu ici ? Alors que la couche des Anciens était si douce. Il ne saurait le dire.

Soudain, une voix se fit entendre et le bicolore ouvrit brutalement les yeux, se redressant difficilement et feulant de mécontentement. On venait de le déranger dans son sommeil. Il détestait qu'on le dérange quand il dormait. Puis il posa un regard, encore humide de la torpeur, sur un chat blanc face à lui : il était beaucoup plus jeune que lui et c'est sans doute pour cette raison qu'il était si insolent. Il ne l'écouta que brièvement. Lorsqu'il insulta son chef de clan, le chat eu un rire moqueur. Pas vis-à-vis du blanc, mais vis-à-vis de Rêve. C'est vrai que ce dernier était réellement con. Et Souvenirs se demandait même ce qu'il foutait sur le trône.

" Aucunes de ces options n'est bonne, gamin. Je suis juste parti vagabonder et dormir ailleurs qu'auprès de ces abrutis me pensant alité. Ce n'est pas parce que j'ai mon âge que je ne peux marcher par moi-même et dormir où je veux. " répondit-il, la voix encore enraillée par le sommeil.

Messages : 270 Date d'inscription : 18/06/2018

full memories

Dans sa tête, ça tournait et ça se retournait, les pensées défilaient, elle ne s’arrêtait plus. Le chagrin, il s’enfouissait dans son âme, dans son coeur, au fond de sa mémoire, comme un vieux souvenir qu’il fallait oublier, qui ne devait pas refaire surface. Parce qu’il souffrait mais qu’il n’avait pas envie d’en parler. Il ne dormait plus et n’avait jamais dormi bien longtemps dans sa misérable et courte vie. Il s’était levé un jour et avait tué son frère — légitime défense, hein ? Il s’était levé un autre jour et il avait tout perdu, comme ça, d’un coup. Son père le chasse. Son amant meurt. Il disparaît de la circulation, ne retourne pas voir sa soeur, tente de la guetter de lui et regrette dans son coin, incapable d’aller retourner la voir, elle qui est à la tête de son clan. Il est si fière d’elle qu’il ne viendrait pas bousculer son chemin, non, il ne viendrait pas poser ses pattes sur le sentier tout tracé de sa soeur, il préfère s’écarte, vagabonder et se faufiler entre les pins des Terres de l’Ombre, entre les rochers des terres sacrés, là où un vieillard a décidé d’y faire un petit somme. Grognon, le vieux et qui plus est, n’a rien à faire ici. Les anciens sont plus que vulnérables, que les terres soient sacrées ou non. S’il avait été un solitaire anodin, il l’aurait bouffé, le vieux. Mais Fantôme des Astres n’avait rien d’un félin normal, il en était tout le contraire d’ailleurs. Ce n’est que rires moqueurs devant tant d’égo vis-à-vis de l’ancien. L’albinos en avait connu des comme ça dans son clan, à croire que c’était commun à tous les clans d’avoir des vieux chats grognons qui se pensaient encore tout jeunes. Le rire du chat blanc n’avait rien de sincère, il le sentait au fond de lui : c’était ironique, il n’était clairement pas d’humeur à chercher un quelconque amusement quelque part.

— C’est tellement l’anarchie chez vous, les ombreux, que votre chef laisse croupir des anciens hors du camp. Et personne ne daignera venir te chercher s’il t’arrive quelque chose, pauvre chnoque. Tu feras mieux de rentrer chez toi, tu n’es pas le bienvenu ici.

Les mots du chat blanc le surprenaient lui-même, il n’avait pas pour habitude de menacer, mais la simple présence d’un autre individu l’agaçait, il avait besoin de déverser sa colère sur quelque chose, sur quelqu’un. Et mauvais endroit, mauvais moment, c’était le vieux matou qui allait prendre cher. Pas que Fantôme des Astres ait spécialement envie de se battre, non, ça, il cherchera la bagarre avec un solitaire à sa taille, pas un félin qu’il pourrait vaincre si facilement et s’attirer les foudres de son clan. Son but n’était ni l’égo, ni le pouvoir. Simplement une façon de se venger, de se défouler de toute la rage qui hurlait dans son ventre, qu’il voulait faire sortir une bonne fois pour toute. Mais ce félin de l’ombre ne serait pas sa victime.

Messages : 11 Date d'inscription : 25/03/2020

Full memories ft Fantôme des astres

► Je lève mon verre

→ A cent quinze lunes, le chat bicolore avait évidemment connu tous les sentiments possibles : en effet, il avait connu la joie lorsqu'il était devenu lieutenant. Il s'en souviendrait d'ailleurs toute sa vie de cette journée. Il se souviendrait de cette bataille qu'il avait affronté, qu'il avait gagné et le meneur qui avait fini par l'appeler. Aux vues de son comportement, de son caractère, il avait cru au départ que sa vie se terminerait là et qu'il ne redeviendrait qu'un membre lambda. Mais bien sûr, il eut tord et le meneur le surprit. Il l'avait prit à part et finalement, lui avait offert la place de lieutenant. Il n'y aurait jamais cru au départ ... Un rêve s'était réalisé. Et comme on dit, quand on atteint les rêves, on attend plus rien de la vie, on se laisse porter progressivement.

Il avait connu la haine et la tristesse aussi durant la même époque : en effet, en étant lieutenant, il s'était attaché à un apprenti devenu guerrier. Enfin, guerrière, disons-le. Pendant plusieurs mois, il l'avait entraîné malgré qu'elle ait déjà un mentor, il lui avait montré à quel point les combats pouvaient être dangereux. Puis finalement, son mentor avait décidé que la guerre allait se faire, alors il avait ordonné que son apprentie suive la harde durant le combat. En tant que lieutenant, Euphoriques ne pouvait rien dire, mais il ressentait comme un mauvais pressentiment. Et il avait eu raison malheureusement, puisque la jeune chatte mourut dés la première attaque. Alors, oui, soyons honnêtes, il en avait voulu à ce mentor et il avait dévasté par cette mort : au point qu'il avait lui-même ramené le corps au camp.

La douleur de la perte d'un proche ? Il l'avait connu aussi, mais cela, personne ne fut au courant, personne ne le sut car personne ne connaissait son passé, mises à part quelques meneurs. En réalité, ce n'est pas tellement la perte d'un proche dans cette partie, mais plutôt la méconnaissance d'un proche. En effet, en tombant amoureux d'une chatte dont tout le monde connaissait le nom, il s'était vite rendue compte qu'il ne pourrait jamais avoir de chatons. En fait, il se demandait même parfois si les Etoiles ne lui avaient pas occulté cette chance car il était devenu lieutenant : karma peut-être ? Sans aucun doute. Il ne deviendrait jamais père, et ça, ça l'avait détruit dés l'instant où il l'avait découvert. Oui, il en voulait au Destin.

Lorsque le plus jeune s'adressa à lui de cette manière, le vieux bicolore poussa un profond feulement. Personne n'avait encore jamais osé lui parler de cette manière, personne n'avait osé lui adresser une menace à demi-camouflée. Le vieux se releva réellement, plongeant son regard dans celui du plus jeune. Pour qui se prenait-il ce blanc ? Pensait-il réellement que sa jeunesse lui donnait tous les droits ? Que la colère n'existait-elle seulement que chez les chats solitaires ? Oh non, bien sûr que non. Tous les chats ont ces sentiments, c'est certain. Alors sans hésiter une seule seconde, l'ancien lieutenant s'approcha de son vis-à-vis et tourna autour de lui, le poil commençant progressivement à se dresser.

" Si Rêve décide de me laisser crever comme une merde, et bien soit. Mais il perdra un ancien lieutenant, et ce serait dommage. Quant à toi, la menace, même camouflée ne me fait pas peur. Donc viens et tu goûteras volontiers à mes griffes. "

Oh non, il n'avait absolument pas peur. En réalité, le vieux chat n'a jamais eu peur de personne, d'absolument personne. Il se savait assez fort et assez entraîné pour pouvoir anéantir n'importe qui. Et puis, il était bien plus près de la mort que de la vie, donc il n'en avait absolument pas peur.

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