old memories ft songe de l'éclipse

Il y a de ces journées où exister est plus facile en dehors des terres, où cet endroit qui aurait dû rimer avec foyer prend plutôt l’apparence d’une cage dorée. Enfermée quelque part où prendre le trône semble plus important que le simple fait de se connaître, de s’aimer, de s’apprivoiser. Trop d’ambition rôdait dans les cœurs autour d’elle pour qu’elle se sente à sa place dans ce camp où elle occupait pourtant une place que l’on pourrait considérer comme importante.
Aujourd’hui, elle ne respirait pas. Elle étouffait, entourée des lueurs qui accompagnaient chaque corps se promenant, la frôlant.

Un jour, elle suivrait l’exemple de son aîné, elle partirait à l’exploration d’endroits inconnus, mystérieux, elle chasserait la raison de son existence, pourchasserait sa place jusqu’à la trouver, mais pour l’heure, la douce ne pouvait que décider de s’échapper à ce quotidien un peu trop contraignant en s’éloignant à la course du camp pour se plonger dans cette solitude qui est sienne depuis toujours. Une amie qui ne trahit pas, une amie qui ne s’en va pas, une amie dénuée de corps physique et par conséquent de couleurs.
Songe de l’Éclipse se blottissait dans cette étreinte glacée depuis des lustres, si longtemps qu’il lui semblait illusoire de se rapprocher de qui que ce soit de réel. Bien trop risqué, bien trop épuisant, e f f r a y a n t de penser à côtoyer d’autres félins.

Si bien qu’elle était en vadrouille autre part que dans ce camp, profitant du vent contre son pelage, de son murmure apaisant sifflant dans ses oreilles, de l’absence de cœur battant à ses côtés. Tout était plus doux désormais, plus calme. Elle pouvait arrêter de courir, de fuir, elle pouvait respirer de nouveau, profiter de l’air frais, de cette température clémente. Sans presse, la cadence de cette fleur ralentissait pour totalement s’arrêter au sein des Quatre-Chênes, lieu d’Assemblée où tous se regroupaient, lieu d’annonces et de nouvelles, et surtout, cauchemar éveillé pour la guerrière du tonnerre qui ne supportait qu’à contre-cœur la présence des autres membres de son propre clan sur une base régulière.
Pourtant, lorsqu’on sommait d’assister à une Assemblée, refuser n’était pas dans les choix. Il fallait plier l’échine et accepter le rôle qui tombait dessus, ce lourd manteau obligé d’être porté. Elle n’était pas faite pour la vie en communauté, condamnée à devoir la suivre et s’y fondre.

Mais aujourd’hui, pour un instant, quelques minutes, peut-être même des heures, elle s’émancipait de ce rôle qui lui incombait de respecter. Elle s’était allongée à même le sol des Quatre-Chêne, endroit si vide en dehors des pleines lunes où les rencontres changeaient cet espace en une fourmilière trop active pour le Songe.
Elle avait relevée la tête quand une voix avait brisé la paix installée autour d’elle, cherchant le coupable du regard pour reconnaître cette forme, cette silhouette, de loin. Fut un jour lointaine où cette ennemie – selon les codes régissant leur existence – s’était présentée comme une amie, comme une confidente. Mais le temps et elle-même avaient travaillé à amoindrir le lien qui avait tenu entre elles, à l’amincir pour le dissoudre dans les lunes qui passaient. « Nuage des Jardins ? »
Elle s’était alors assise, redressée, pour apercevoir des lueurs douces, apaisantes, s’approcher. Lueurs malgré tout entachées par du brun, laissant penser à des penchants moins doux que cette personnalité que la féline osait montrer à la guerrière du tonnerre.
« Qu’est-ce qui t’amène par ici ? »