i cried for help, but nobody came
acte I, scène I
Le Kitsune a vu son regard s’ouvrir sur d’autres êtres vivants, d’autres membres de sa famille, s’imposant à sa vue dès son réveil. Ce ne fut pas les rayonnements à la chaleur réconfortante d’un soleil bien agréable en ces temps de l’année ni même les possibles petits cristaux de glace tombant parfois encore en cette saison. Ce fut la présence bien agréable, bien désirée, de cette famille dans laquelle il était né, cette famille qui allait accompagner le Kitsune tout au long de sa vie, tout au loin de son apprentissage.
Il avait doucement souri, son cœur empli d’une affection sans précédente néanmoins bien entendu moins forte que celle de leur mère envers eux. Rien ne pouvait battre l’amour maternel dans sa force, sa résilience, sa présence. Rien ne pouvait battre l’amour maternel sur tous les plans.
Silencieusement, en essayant de faire le moins de bruit possible, glisser sur le sol comme le ferait une plume d’oiseau, le Kitsune s’était étiré et avait enjambé les formes endormies de la pouponnière pour être baigné par la lumière du soleil. Un jour, il serait aussi fort et brillant que l’astre qui se levait, colorait le ciel de couleurs magnifiques, chatoyantes, offrant un spectacle merveilleux pour un regard aussi jeune et aussi avide de connaissances.
Un jour, le Kitsune serait au sommet. Il observerait les autres en ayant atteint le but final de son existence : diriger, gouverner. Aimer. Parce qu’il n’était pas un être dépourvu d’amour, une bête sanguinaire possédant qu’une ambition de plus en plus forte au fil des lunes, au fil de l’âge pris.
Non, le Kitsune savait aimer. Il éprouvait. S’il n’était toujours pas en mesure de comprendre la boule d’émotions qui pouvait parfois comprimer sa poitrine, il éprouvait, il était un être comme les autres, parfois peut-être trop comme eux. Il rêvait d’unicité, il rêvait d’une appartenance propre, d’être quelqu’un marquant les histoires comme d’autres avant lui. Ne pas finir dans le néant, ne pas finir aspiré par l’oubli, tel était le désir profond du chaton roux.
Le Kitsune s’était retrouvé face contre terre, une queue s’étant emmêlée dans ses pattes toujours incertaines des fonctionnements de ce corps. Deux lunes, était-ce réellement suffisant pour comprendre comment marcher correctement ? Malédiction sur le Kitsune : une deuxième queue s’invitait, posait problème, n’aidait en rien. Un cerveau n’était pas fait pour diriger deux queues, et celles-ci s’entrechoquaient, se perturbaient, venaient aussi sous ses pattes dans la confusion.
Le couvrant de honte, de désespoir.
Il s’était relevé en secouant la tête, piteux, meurtri dans cet égo inexistant qui semblait pourtant parfois trop présent. Parce qu’il jouait un rôle, un jeu, il était un acteur, il se mouvait dans une pièce de théâtre dont les Actes étaient interminables. Faiblesse du cœur et de l’esprit masquée par une force n’existant point réellement, une ombre, un mirage d’une force qu’il rêvait de posséder.
Le Kitsune, après s’être relevé et que tous se soient remis à leurs propres activités, dans cette semi-solitude d’un camp à peine réveillée, s’était activé à trouver une voie de sortie pour l’extérieur.
Quelque part, le Kitsune est seul. Sa vie est rythmée d’une solitude incomprise alors même qu’il a déjà abandonné l’idée de comprendre les autres, rythmée d’une mascarade qui ne peut s’arrêter. Si jeune et déjà si faux, si tourmenté dans sa simplicité. Il rêvait d’une liberté sans limite, de personne au-dessus de lui pour lui dire quoi faire, aucun ordre d’un quelconque supérieur, ordre qu’il s’empressera toujours de contredire, de transgresser. Comme en cette heure si matinale où la rosée vient à peine de terminer sa tournée ; il est déjà dehors, à vagabonder là où le danger rôde, où sa présence n’est point sollicitée.
Il respire.
Il vit.
Dans la solitude d’une terre où il n’aurait point dû être, il respire et vit.
@constellation du renard love